Gemeenschappelijke
vergadering van de commissie voor de Buitenlandse Betrekkingen van de Kamer
en van de commissie voor de Buitenlandse Betrekkingen en voor de
Landsverdediging van de Senaat |
Réunion commune de la commission des Relations
extérieures de la Chambre et de la commission des Relations extérieures et de
la Défense du Sénat |
van donderdag 9 oktober 2008 Middag ______ |
du jeudi 9 octobre 2008 Midi ______ |
De vergadering wordt geopend om 12.13 uur en voorgezeten door de heren Herman Van Rompuy, voorzitter van de Kamer van volksvertegenwoordigers, en Armand De Decker, voorzitter van de Senaat.
La séance est ouverte à 12.13 heures et présidée par MM. Herman Van Rompuy, président de la Chambre des représentants, et Armand De Decker, président du Sénat.
Mevrouw Ingrid Betancourt wordt door de
heer Herman Van Rompuy, voorzitter van de Kamer van volksvertegenwoordigers, en
door de heer Armand De Decker, voorzitter van de Senaat, de vergaderzaal
binnengeleid onder het levendige applaus van de staande vergadering.
Ze wordt verwelkomd door de dames Karine
Lalieux, volksvertegenwoordiger, Joëlle Milquet, vice-eerste minister en
minister van Werk en Gelijke kansen, en Marie Nagy, senator.
Mme Ingrid Betancourt est introduite dans la
salle par M. Herman Van Rompuy, président de la Chambre des représentants, et
par M. Armand De Decker, président du Sénat, sous les vifs applaudissements de
l'assemblée debout.
Elle est accueillie par Mmes Karine Lalieux,
députée, Joëlle Milquet, vice-première ministre et ministre de l'Emploi et de
l'Égalité des chances, et Marie Nagy, sénatrice.
01 Ontvangst van mevrouw Ingrid Betancourt in het federaal Parlement
01 Réception de Mme Ingrid Betancourt au Parlement fédéral
01.01 M. Herman Van Rompuy, président de la Chambre des représentants: Madame, mesdames, messieurs, chers collègues, mon premier mot sera pour remercier très chaleureusement Mme Ingrid Betancourt qui nous a fait l'honneur de répondre à l'invitation que nous lui avions adressée.
Permettez-moi de remercier également pour leur présence parmi nous aujourd'hui, M. l'ambassadeur de Colombie, votre maman, Mme Yolanda Pulechio, ainsi que les représentants de la Fédération internationale des comités Ingrid Betancourt et de sa composante belge, l'ASBL "Ingrid Por La Paz".
Faut-il rappeler le rôle essentiel joué par la Fédération internationale des comités Ingrid Betancourt qui a su, au-delà des frontières, mobiliser des citoyens et rassembler les énergies afin d'organiser, de soutenir et de susciter toute action, manifestation et prise de position locale, nationale ou internationale tendant à la libération d'Ingrid Betancourt, de Clara Rojas et de tous les otages détenus en Colombie?
Madame, votre libération après 2.321 jours de captivité a donné lieu, dans le monde entier, à des manifestations empreintes de beaucoup d'émotion.
C'est avec joie et soulagement que la Chambre des représentants de Belgique a appris, le 2 juillet 2008, votre libération et celle de 14 autres otages. Ce fut la fin d'un long calvaire pour vous, madame, qui êtes devenue le symbole de toutes les victimes de violence en Colombie. Il s'est agi d'une détention de plus de six ans dans des conditions inhumaines.
Nous nous réjouissons que les autorités colombiennes aient pu obtenir sans violence ce dénouement aussi longtemps attendu.
Nombreux sont celles et ceux qui, en Belgique également, ont partagé au fil des jours vos souffrances alors que vous étiez détenue par les FARC dans une zone de forêt tropicale très difficile d'accès.
Madame, vous n'étiez pas seule mais
on ne pouvait pas vous le dire.
Nous voulons
voir dans votre libération un signe d’espoir pour tous ceux qui sont encore
retenus en otage ainsi que pour leurs familles. Nous pensons à eux en ce
moment. Puisse cette libération n’être qu’une première étape.
Tous ceux qui ont œuvré à votre libération, à travers notamment les comités de soutien qui ont vu le jour en Europe, se sont également attelés à la défense des fondements mêmes de la démocratie. Vous avez rendu récemment hommage à la Belgique, lors d’une manifestation organisée à Paris, pour le rôle qu’elle a joué dans la mobilisation en faveur des otages de Colombie.
Mevrouw, u groeide deels op
in Colombia en in Frankrijk en besliste in 1990 terug te keren naar Colombia,
om er te strijden voor uw volk. Uw politieke overtuiging heeft u in 1994 in de
Kamer van volksvertegenwoordigers en in 1998 in de Senaat gebracht. U voerde uw politieke strijd,
"la rage au cœur, sans colère, sans mépris, sans sanglot."
Dat citaat van de grote Chileense dichter Pablo Neruda is trouwens de titel van het boek dat u in 2001 heeft gepubliceerd en waarin u uw levensloop schetst. In 2002 richtte u uw eigen politieke partij op, Oxigeno Verde, en voerde u campagne als kandidaat voor de presidentsverkiezingen. Op 23 februari 2002 wordt u gevangen genomen en start een lange lijdensweg.
Uw politieke actie was altijd ingegeven door een waarachtig streven om uw land en het Colombiaanse volk te dienen. Een moedig en trots volk, schrijft u, dat al te lang het slachtoffer is van een spiraal van geweld. De Belgische vrouwelijke parlementsleden, volksvertegenwoordigers en senatoren, die in februari 2005 naar Columbia zijn gereisd om er de derde verjaardag van uw gevangenneming te herdenken, verwoordden het als volgt: "Indien we de politieke strijd van Ingrid Betancourt in drie woorden zouden moeten omschrijven, zou dat ongetwijfeld moed, vastberadenheid en cohesie zijn."
Uw moed herinnert mij aan de woorden van Antoine de Saint-Exupéry in "Terre des hommes": “L’homme se découvre quand il se mesure avec l’obstacle.” U heeft een hindernis, en welke dan, op uw weg gevonden. De doodsbedreigingen die u kreeg, hebben u nooit belet uw politieke engagement ten volle te beleven. U heeft zelfs tot in de meest verafgelegen gebieden uw oor te luisteren gelegd bij uw medeburgers om er een beter inzicht in hun problemen te krijgen.
Madame, onze députés de l’Assemblée de la Vallée du Cauca en Colombie, kidnappés en avril 2002, étaient assassinés le 18 juin 2007. Des otages politiques sont encore détenus par les FARC. Des organisations criminelles détiennent également de nombreux citoyens. Ailleurs dans le monde des milliers de personnes sont victimes de la barbarie. Ces actes nous interpellent et suscitent notre profonde indignation. Ils nous incitent à mener partout dans le monde le combat pour la dignité humaine. L’homme est une valeur en soi. Une cause qui ne respecte pas l’être humain, chaque homme et chaque femme, n’est pas digne d’être défendue. Permettez-moi, dès lors, madame, de relayer dans cette enceinte les paroles que vous avez prononcées lors du premier symposium sur le soutien aux victimes du terrorisme, organisé par l’ONU le mardi 9 septembre dernier à New York.
"Au nom de ceux qui sont toujours enchaînés, je vous implore aujourd’hui d’écouter votre cœur, de ne pas oublier que notre monde a un grand besoin de compassion, de tendresse et de générosité.
Nous devons confronter la haine et la barbarie du terrorisme aux valeurs suprêmes de l’Humanisme et de l’Amour. La réponse à la dévastation et au désespoir causés par le terrorisme est à trouver, non pas dans les abysses de la violence et de la revanche, mais dans les trésors de l’âme humaine".
Permettez-moi d'ajouter que notre monde connaît une lutte permanente entre les forces de l'Amour et les forces de la Mort. Nous sommes du côté de l'Amour et de la Vie.
Ces mots peuvent paraître vagues tant qu’ils ne sont pas incarnés par des êtres humains. Vous en êtes un parfait exemple. Il est important de rendre hommage, dans le temple de la démocratie que constitue le Parlement, à celles et ceux qui s’insurgent contre les atteintes à la dignité humaine. Nous sommes, en tant qu’élus du peuple, les porteurs des valeurs fondamentales de la société et des citoyens.
Lorsque l'être humain est en danger, nous le sommes également en tant que Parlement.
Au-delà des clivages de la politique partisane, nous partageons, madame, nous tous, la même attitude de base. Nous sommes impressionnés et émus de votre attitude pleine de dignité après votre libération, loin des sentiments de vengeance et de haine.
C'est pourquoi nous sommes heureux et fiers que vous soyez parmi nous aujourd'hui pour nous adresser la parole. Merci.
(Applaudissements)
(Applaus)
01.02 M. Armand De Decker, président du Sénat: Chère Ingrid Betancourt, chère madame la sénatrice, monsieur l'ambassadeur, chers collègues, après le magnifique discours de mon collègue et ami, Herman Van Rompuy, je ne vais pas retenir longtemps votre attention.
Vous avez écrit tout à l'heure dans le livre d'or que vous n'imaginiez pas il y a quelques mois avoir l'honneur d'écrire quelques mots d'affection à l'égard de la Belgique, en ces lieux et en ces temps. Comme l'a dit Herman Van Rompuy, ceci témoigne de votre grande humanité et humilité par rapport aux événements que vous avez vécus.
Il est – et on le sent bien dans cet hémicycle – des moments où l'émotion dépasse la solennité des lieux tel qu'un hémicycle parlementaire un peu austère comme celui-ci.
Aujourd'hui, soyez-en assurée, chacune et chacun d'entre nous est honoré de votre visite et on ressent à nouveau la joie immense qui a empli nos cœurs le 2 juillet dernier lorsque nous apprenions enfin votre libération.
Permettez-moi de revenir sur l'immense mobilisation de toutes les populations du monde durant ces six années et demi qu'a duré votre calvaire. Cette solidarité était due à l'admiration qui jour après jour grandissait en nos cœurs et que portaient les citoyens à votre égard. Vous n'étiez pas seule.
Je suis heureux de pouvoir rappeler ici que plus de 160 communes belges ont décidé de vous attribuer le titre de citoyenne d'honneur de leur modeste communauté et que de très nombreuses initiatives, expositions, manifestations ont été, vous le savez, organisées à travers le pays.
Une délégation parlementaire, que vous avez à nouveau rencontrée ici, composée de femmes politiques représentant les différentes tendances démocratiques de notre pays s'est d'ailleurs rendue à Bogota pour travailler à votre libération. Elles étaient d'ailleurs venues me trouver - à l'époque, j'étais ministre de la Coopération - et nous avons réfléchi à la manière, très difficile, de rechercher la voie la plus efficace et non pas éventuellement contre-productive des démarches que nous pouvions, le cas échéant, envisager.
Les Belges, madame, ont été particulièrement touchés de vous voir arborer le drapeau belge lors du concert donné à Paris en l'honneur des otages des FARC. Vous avez ainsi tenu à souligner le rôle joué par des Belges et par les citoyens belges dans la mobilisation en leur faveur.
Madame, vous avez construit vos convictions et votre force de caractère dès votre enfance. Vos camarades du lycée français à Bogota décrivent que vous vous comportiez déjà très jeune comme un vrai leader. Évidemment, fille d'un papa ministre et diplomate et d'une maman sénatrice, que je salue à nouveau, vous avez, dès votre plus jeune âge, été gagnée par le virus politique. Dans le sillage familial, vous vous installez à Paris et poursuivez vos études à Sciences Po. Pendant près de deux décennies, votre vie familiale se déroulera à Paris, alors que votre cœur et votre engagement politique restent à Bogota.
C'est en 1989, alors que le chef du parti libéral, pourfendeur de la corruption, est lâchement assassiné que vous décidez de rejoindre votre maman, afin de reprendre le combat. Votre entrée au ministère des Finances n'est que la confirmation de l'absolue nécessité de revenir, à vos yeux, aux principes de bonne gouvernance.
Lorsque vous menez campagne pour devenir députée en 1994, vous déclarez: "Je crois trop en ce que je fais pour que même le risque de la mort puisse m'arrêter". Phrase terrible démontrant votre détermination sans limite à lutter pour le changement en Amérique latine, pour la lutte contre la corruption qui gangrène votre pays.
Bravant les menaces et les tentatives d'assassinat, vous créez votre parti écologique, "Oxygène vert", en 1998 alors que vous menez campagne pour le Sénat.
Le discours que vous prononcez au congrès mondial des partis écologiques en 2001 paraît rétrospectivement prémonitoire. La force de vos propos nous permet de comprendre combien votre combat était devenu une véritable profession de foi. Vous disiez à l'époque: "Nous devons rechercher le pouvoir et l'obtenir. Nous ne pouvons pas nous sous-évaluer parce que le monde est tourné vers nous et attend de grandes actions (…). Parce que pour défendre le droit de vivre aujourd'hui comme dans le passé, il faudra, disiez-vous, de l'héroïsme, du caractère et du courage".
Hoewel het u ten stelligste was afgeraden om u in de streek van San Vicente del Cáguan te begeven, gaf u niet toe aan de angst. U had immers uw woord gegeven.
Deze onverzettelijkheid heeft allicht te maken met uw enorm doorzettingsvermogen, wat dé voorwaarde was om te overleven na uw ontvoering, in volle campagne voor de presidentsverkiezingen, door de FARC op 23 februari 2002.
Andere gevangenen en zelfs sommige gijzelnemers hebben getuigd hoe u in alle omstandigheden de zwaksten morele steun bleef verlenen en hoe u meermaals hebt geprobeerd te ontsnappen.
Geconfronteerd met een dergelijke houding,
een dergelijk karakter en een onwrikbare overtuiging, vraagt de gewone
sterveling zich terecht af waar u de kracht vandaan haalde. U, mevrouw, hebt
het antwoord op voornoemde vraag gegeven in uw autobiografie “La rage au cœur”,
die enkele maanden voor uw ontvoering door de FARC was verschenen.
C'est un réel privilège, madame, et un vrai plaisir que de vous accueillir en ce parlement. Il nous y est donné de vous témoigner de notre admiration, de partager avec votre famille l'immense émotion des retrouvailles et de vous dire ici solennellement que peu nombreux sont celles et ceux dont le courage aurait été mis à telle épreuve sans pour autant altérer leurs convictions, leur sens du devoir, leur foi pour l'humanité. Merci.
(Applaudissements)
(Applaus)
01.03 Mme Ingrid Betancourt: Messieurs les présidents, mesdames, messieurs, c'est un moment très spécial pour moi d'être aujourd'hui parmi vous et ce, pour de nombreuses raisons. La première vous paraîtra la moins évidente! En effet, votre hémicycle ressemble très fortement à l'hémicycle du Sénat colombien. Pour ceux qui le connaissent, on pourrait presque s'y croire. Il s'agit donc d'une double émotion, car depuis ma captivité, depuis que j'ai été prise en otage, je ne suis pas rentrée dans cette maison qui est la mienne, le Parlement colombien. En étant avec vous aujourd'hui, des tas de sensations étranges se mélangent dans mon esprit.
J'éprouve tout d'abord le besoin de dire "merci". Si j'ai tellement voulu me rendre en Belgique, c'est avant tout pour vous dire "merci", merci à toutes celles qui sont venues me chercher en Colombie, qui ont fait la différence pour nous, les otages colombiens, car nous en avions besoin. Nous avions besoin du regard extérieur sur notre drame. Nous avions besoin, nous les Colombiens, de comprendre combien ce que nous vivions était dramatique. En Colombie, la mort ne paraît plus dans les premières pages des journaux, parce qu'il y en a trop. Nous sommes habitués au sang. Nous sommes habitués à la violence. C'est une habitude qui rend insensible. Aussi, face à la mort et face au sang, lorsque des citoyens sont pris en otage, c'est presque moins grave, … sauf que c'est très grave. En effet, pour moi et pour ceux qui ont vécu ce drame avec moi, combien de fois n'aurions-nous pas préféré être morts!
Vous avez parlé des 11 députés otages du Valle del Cauca, votre région, monsieur l'ambassadeur, qui ont été massacrés par les FARC. Je me souviens absolument de cette journée terrible pour moi.
C'est un deuil que je porte et qui ne s'effacera jamais. C'étaient des personnes comme vous et moi, avec leur vie, leurs projets, leurs espoirs, leurs envies.
Je me demande toujours pourquoi eux et pourquoi pas nous. Dans mon cœur, même si je sais que ce n'est pas totalement vrai, parce que la rationalisation des faits rend les choses un peu différentes, j'ai toujours un regret. Si nous, Colombiens, avions pu faire en sorte que cette rencontre ait lieu dans Florida y Pradera, cette région qu'exigeaient les FARC comme condition pour entrer en dialogue avec le gouvernement colombien en vue de notre libération, si jamais nous avions eu en Colombie la générosité de dire oui et de permettre que ce terrain soit utilisé pour ce dialogue, peut-être aurions-nous réussi à sauver la vie de mes compagnons.
Dans tout ce que nous vivons, je pense qu'il y a toujours ce regard vers
le passé, ces regrets de ce qu'on aurait pu faire et de ce qu'on n'a pas fait.
Je ne voudrais pas que cela nous arrive. C'est pour cette raison que je suis
ici. Je suis ici non seulement pour vous dire "merci", mais aussi en
tant que porte-parole en tout cas moral de mes compagnons qui sont restés dans
la jungle. Je me demande toujours ce qu'il faut que je fasse pour qu'ils soient
libérés et pour que nous n'ayons jamais à regretter de ne pas avoir fait
suffisamment pour eux.
C'est un
moment spécial pour moi parce que je sais que vous aussi vivez un moment
spécial. Vous vous posez des tas de questions probablement sans obtenir
beaucoup de réponses. Le regard de l'extérieur, votre regard à vous sur la
Colombie, nous a été précieux. De la même façon, je voudrais vous donner mon
humble regard de citoyenne du monde sur la Belgique.
On pourrait
penser qu'aux yeux du monde, la Belgique est un petit pays. Moi, je trouve que
c'est un très grand pays! Vous avez fait preuve d'une générosité et d'un
engagement dans le cas des otages colombiens qui a fait en sorte que tout
démarre. C'est ici – vous l'avez bien dit – que les comités de soutien sont
nés. C'est à partir de la Belgique qu'a été conçue la stratégie des comités
présents partout dans le monde, pour porter la voix de tous ceux qui, dans la
jungle, n'avaient pas de voix. C'est grâce à cette réflexion que nous avons pu
avoir le secours du monde. C'est parce qu'ici des gens comme vous, des
compatriotes, se sont posé la question de savoir comment ils pouvaient nous
aider.
Et cette démarche, qui a été concluante, a été spontanée en Belgique. Il s'agit d'un don du cœur de votre peuple. Et je voudrais profiter de cette occasion pour attirer l'attention sur cet élan du cœur, sur votre ouverture au monde et sur cette générosité.
Quand je pense à vous, je m'interroge sur les raisons d'un tel comportement. Pour quelles raisons les Belges s'intéressent-il à des personnes qui n'ont rien à voir avec eux et qui se trouvent si loin de leur pays? Pourquoi la douleur des autres les remue-t-elle autant?
Je n'ai pas de réponse. Mais je me demande quand même si ce n'est pas parce que dans votre pays coexistent cette unité nationale et ces communautés à la fois très différentes et très proches. Votre pays a toujours compté deux cultures qui ont appris à vivre ensemble, deux cultures qui, bien que différentes, ont trouvé l'équation parfaite.
Je le dis parce que nous vivons un moment particulier. J'ai le sentiment que je me trouve aujourd'hui dans un hémicycle qui symbolise l'unité belge. Et j'aurais beaucoup de peine à l'idée que cela puisse être différent.
J'aime la Belgique: ses deux nations ensemble, ses deux peuples, ses deux cultures. Je sais que je n'ai pas le droit de tenir de tels propos, mais je le dis quand même parce que c'est ce que je ressens du fond du cœur. Je suis désolée.
(Vifs applaudissements)
(Levendig
applaus)
Je vous le disais: en venant ici, je pense à mon pays car tout ici me fait penser à mon pays. C'est très bizarre. Il faudrait que vous puissiez être au Sénat colombien pour ressentir la même sensation que celle que je ressens en ce moment.
Chez moi – monsieur l'ambassadeur, vous qui avez été assis dans le même siège au Sénat colombien devez le savoir –, ce qui me fait mal, me torture, me déchire le cœur, c'est de penser que la Nation colombienne est tellement polarisée, est tellement partagée. Il y a en Colombie deux camps qui se haïssent, qui ne peuvent s'exprimer que par la violence des mots et des actes. Je voudrais demander à mes compatriotes colombiens présents ici que les mots soient recherchés de façon soignée et prudente pour que nous puissions donner l'opportunité à la famille colombienne de se retrouver dans l'unité, cette unité que vous représentez si bien et que je cherche pour mon pays.
Il nous faut cette unité pour surmonter les problèmes que nous connaissons en Colombie, pour trouver la paix.
Si c'est ici qu'est né et qu'a débuté le secours aux otages colombiens, pourquoi ne pas également penser que d'ici, les mots que nous prononçons soient le début d'une harmonie et d'une véritable fraternité entre tous les Colombiens?
Je n'ai pas de haine pour ceux qui m'ont détenue pendant de si longues années. J'espère qu'un jour, ils me donneront la possibilité de les accueillir dans la démocratie. J'espère que ce chemin vers la paix et la démocratie se fera avec le plus grand geste qui peut nous affirmer leur véritable volonté de faire ce chemin avec nous, le geste de libérer les otages colombiens, mes 27 compagnons qui attendent en ce moment leur tour pour la liberté.
Je sais que, dans cette enceinte, cet hémicycle, il y a une énergie extraordinaire. C'est avant tout l'énergie du cœur, l'énergie de l'amour.
Cette enceinte est laïque, bien sûr, mais je voudrais remercier Dieu de pouvoir être ici aujourd'hui avec vous, vivante et libre.
Je vous remercie.
(Applaudissements nourris de l'assemblée
debout)
(Langdurig applaus van de staande
assemblee)
La réunion publique de commission est levée à 12.50 heures.
De openbare commissievergadering wordt gesloten om 12.50 uur.