Commission de l'Économie, de la Protection des consommateurs et de l'Agenda numérique

Commissie voor Economie, Consumentenbescherming en Digitale Agenda

 

du

 

Mercredi 23 mars 2022

 

Après-midi

 

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van

 

Woensdag 23 maart 2022

 

Namiddag

 

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De openbare commissievergadering wordt geopend om 15.32 uur en voorgezeten door de heer Stefaan Van Hecke.

La réunion publique de commission est ouverte à 15 h 32 et présidée par M. Stefaan Van Hecke.

 

01 Question de Daniel Senesael à Petra De Sutter (VPM Fonction publique et Entreprises publiques) sur "Les risques liés à l’eID" (55024227C)

01 Vraag van Daniel Senesael aan Petra De Sutter (VEM Ambtenarenzaken en Overheidsbedrijven) over "De risico's van de eID" (55024227C)

 

01.01  Daniel Senesael (PS): L'identification en ligne via un lecteur de carte d'identité ou une application est un phénomène qui s'intensifie continuellement et ce, principalement depuis le déclenchement de la pandémie mondiale. En effet, ces outils possèdent de nombreux points positifs comme la réduction des contacts – ce qui va dans le bon sens – ou encore l'automatisation des procédures administratives. Par ailleurs, plusieurs ministres, dont Mme la ministre de l'Intérieur dans sa NPG, ont indiqué souhaiter accélérer la numérisation de l'identification des citoyens. Bien que l'objectif soit la simplification des démarches administratives, il ne faudrait pas oublier le fait que l'ensemble de la population belge n'a, toujours pas en 2022, un accès plein et direct aux outils numériques et informatiques requis pour une identification en ligne. Ainsi, et comme indiqué par Mme Verlinden, une phase de pré-étude concernant l'identité mobile a d'ores et déjà été réalisée par BOSA.

 

Mes questions sont donc les suivantes: pourriez-vous nous donner quelques précisions sur ces résultats préliminaires? Des risques pour la vie privée des citoyens ont-ils été identifiés? Quelles suites concrètes seront données à cette étude? Une analyse d'impact relative à la vie privée sera-t-elle établie ou l'a-t-elle déjà été? Quel est le calendrier à venir pour ce projet?

 

Que comptez-vous faire afin de ne délaisser aucune frange de la population en ce qui concerne l'identification en ligne sur les différentes plateformes fédérales? Le maintien d'un système d'identification "100% public" fait-il bien partie des options étudiées? Le cyberterrorisme n'arrêtant pas de gagner en dangerosité, comment pouvez-vous assurer la sécurité identitaire numérique de nos concitoyens? Comment collaborez-vous avec vos collègues afin de protéger l'identité numérique de nos concitoyens?

 

01.02  Mathieu Michel, secrétaire d'État: Votre question me permet de revenir sur un projet très particulier qui me tient à cœur, en l'occurrence le portefeuille digital. Comme vous l'avez dit, le SPF BOSA et le SPF Intérieur ont effectivement travaillé sur un proof of concept pour une identité numérique. – digital identity – mobile. Il s'agit de disposer d'une identité disponible sur un appareil informatique sans forcément recourir à un support physique. Ce proof of concept est parfaitement aligné avec la proposition de révision du règlement eIDAS.

 

Cette proposition européenne prévoit que chaque État membre devra mettre à disposition gratuitement pour les citoyens dans les 12 mois après l'entrée en vigueur du règlement eIDAS, prévu au plus tôt en 2023, un European digital identity wallet. Dans notre pays, ce sera le portefeuille digital belge qui répondra à ces standards.

 

Il se présentera sous la forme d'une application utilisable sur un smartphone, avec une identité numérique et des services d'identification permettant de s'authentifier sur des services en ligne. Cette pré-étude du SPF a validé les concepts généraux relatifs notamment à la protection de la vie privée et à la sécurité des données. Elle doit maintenant être suivie d'une analyse plus complète. En 2022, le SPF BOSA et le SPF Intérieur travailleront ensemble à l'élaboration de cette identité numérique qui offrira le même niveau de sécurité que la carte d'identité électronique. L'élaboration de ce portefeuille digital sera, bien entendu, accompagnée d'une analyse d'impact relative à la protection des données personnelles.

 

Pour rappel, le portefeuille digital doit permettre l'identification, par le biais d'un schéma d'identification électronique national qui a été notifié; le stockage et le partage d'attributs, tant en ligne que hors ligne et la création de signatures électroniques qualifiées. Il permettra également de donner aux citoyens et entreprises un accès aux données et services publics qui les concernent, mais également d'apporter plus de transparence et d'améliorer la confiance. Il contiendra donc l'identité électronique, le passeport, le permis de conduire, etc., mais donnera également accès à My e-Box, e-loket, eSafe, qui sont toutes des applications mises à disposition des citoyens. J'ai fixé à ces administrations comme objectif que chaque Belge puisse disposer d'un tel portefeuille digital dès 2023. Dans ce cadre, chaque citoyen aura le contrôle total de son portefeuille digital et de l'utilisation de ses données personnelles.

 

Dans ce processus de digitalisation de l'identité, il est hors de question de laisser certains citoyens sur le côté. Cette identité numérique est le fruit d'un choix délibéré et éclairé. Le portefeuille digital sera complémentaire aux services existants et chacun sera libre de l'utiliser. La carte d'identité et les documents annexes, tels qu'ils sont utilisés aujourd'hui, continueront d'exister en version papier aussi longtemps que nécessaire. De même, spécifiquement en matière d'identification en ligne, les besoins des différentes franges de la population sont pris en compte de manière constante. Plusieurs types de clé sont actuellement disponibles: l'eID, que tout le monde possède, mais qui nécessite un lecteur de carte; itsme®, pour les détenteurs de smartphone; mais également une clé qui ne nécessite que l'accès à une adresse électronique, à savoir une clé composée d'un code de sécurité à durée de validité limitée, envoyé par courriel.

 

L'accessibilité pour tous à ces systèmes et le soutien à tous dans leurs démarches administratives est essentiel. Pour y parvenir de manière concrète, nous travaillons actuellement sur des projets que vous découvrirez dans les prochaines semaines, et qui visent vraiment à permettre l'accès de tous à ces nouveaux outils digitaux, pour autant qu'ils en fassent le choix.

 

À noter que, concernant le portefeuille numérique, il s'agit bien d'un projet de développement public. La gestion de l'identité reste une fonction régalienne. Le fournisseur de l'identité reste l'administration, mais des partenariats avec le secteur privé sont aussi envisagés pour des services dérivés.

 

Le système d'identification est développé, maintenu et opéré par le SPF BOSA et est utilisable par les administrations de tous les niveaux de pouvoir. Les principales clefs numériques sont la propriété du secteur public, mais le système intègre également des clefs du secteur privé, tel Itsme que je viens de citer. Cela permet d'offrir toute une palette de clefs conviviales, sécurisées et adaptées aux besoins de chacun.

 

Enfin, pour ce qui concerne la sécurité du système d'identification en ligne, les applications et les informations sont sécurisées suivant une politique de sécurité de l'information régulièrement mise à jour. Des analyses et des audits sont régulièrement réalisés en collaboration avec le Centre pour la cybersécurité en Belgique et permettent d'améliorer constamment la sécurité.

 

Le projet de portefeuille numérique suivra les mêmes prescriptions et, en outre, il devra être certifié selon les exigences du règlement eIDAS, comme je l'énonçais auparavant.

 

01.03  Daniel Senesael (PS): Monsieur le secrétaire d'État, qu'il me soit permis de vous adresser mes remerciements, puisque voilà une réponse complète, précise et structurée et qui répond à toutes mes interrogations.

 

C'est un projet important que vous avez bien détaillé. Je ne manquerai pas de suivre le dossier et de revenir vers vous au cours du second semestre pour en connaître l'état d'avancement.

 

Je me réjouis de l'arrivée de mon collègue du PS. Notre parti est en masse, monsieur le président!

 

Le président: C'est vraiment l'armée PS qui est arrivée dans notre commission.

 

L'incident est clos.

Het incident is gesloten.

 

Vraag nr. 55024728C van mevrouw Verhaert wordt omgezet in een schriftelijke vraag.

 

 

02 Questions jointes de

- Patrick Prévot à Mathieu Michel (Digitalisation, Simplification administrative, Protection de la vie privée et Régie des Bâtiments) sur "Le virus informatique BRATA" (55024889C)

- Kattrin Jadin à Mathieu Michel (Digitalisation, Simplification administrative, Protection de la vie privée et Régie des Bâtiments) sur "L'hameçonnage" (55025068C)

02 Samengevoegde vragen van

- Patrick Prévot aan Mathieu Michel (Digitalisering, Administratieve Vereenvoudiging, Privacy en Regie der Gebouwen) over "Het computervirus BRATA" (55024889C)

- Kattrin Jadin aan Mathieu Michel (Digitalisering, Administratieve Vereenvoudiging, Privacy en Regie der Gebouwen) over "Phishing" (55025068C)

 

Mme Jadin est absente.

 

02.01  Patrick Prévot (PS): Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, un logiciel malveillant nommé BRATA circule depuis trois ans sur le web.

 

Conçu comme un cheval de Troie, il a d'abord commencé à se propager sur le Google Play Store en tant que fausse mise à jour de WhatsApp auprès des utilisateurs d'Android au Brésil; 10 000 personnes auraient été lésées.

 

À l'instar du covid, ce virus informatique s'est ensuite exporté jusqu'en Europe et a muté pour s'attaquer cette fois aux données des applications bancaires européennes, les hackers imitant à la perfection les logos des grandes agences. BRATA serait ainsi capable de récupérer des informations sensibles afin de voler de l'argent sur un compte bancaire et de rendre un smartphone Android inutilisable après son passage.

 

Selon certains sources, BRATA sévit depuis le mois de décembre au Royaume-Uni, en Pologne et en Italie. Il devrait logiquement s'étendre à d'autres pays.

 

Monsieur le secrétaire d'État, avez-vous connaissance d'utilisateurs d'Android victimes du virus BRATA en Belgique, attestant de sa circulation dans notre pays? Avez-vous une stratégie de contre-attaque contre BRATA, éventuellement en concertation avec les autres pays européens également touchés par ce logiciel? Je vous remercie.

 

02.02  Mathieu Michel, secrétaire d'État: Monsieur le député, merci pour votre question. Avant toute chose, avant de rentrer dans la réponse à proprement parler, je voudrais vraiment préciser qu'aujourd'hui, en fait, dans le domaine de la sécurité digitale, nous sommes tous acteurs de cette sécurité. En effet, la cybersécurité ou la sécurité digitale de façon globale concerne tant les PME que les services de police et services gouvernementaux. C'est un élément qu'il est essentiel d'avoir en tête.

 

En dépit du fait que la vigilance des citoyens porte de plus en plus ses fruits, le phishing continue de faire de nombreuses victimes. En 2020, la police fédérale a constaté une augmentation de 204 % du nombre de victimes de phishing par rapport à 2009, avec un total de 7 502 signalements. Je ne parle ici que des signalements.

 

En 2020, les cybercriminels ont effectué 67 000 transactions frauduleuses, pour un montant net total de 34 millions d'euros. En outre, il s'avère que 12 % des Belges n'ont jamais entendu parler du phishing. Chez les jeunes, ce pourcentage atteint même parfois les 30 %, selon les chiffres de Febelfin en 2020.

 

Ainsi, parmi les risques de phishing, on peut relever le virus BRATA que vous citez dans votre question. C'est un logiciel malveillant qui est capable, entre autres, de voler des données personnelles sensibles, y compris des codes pin, des mots de passe, des coordonnées GPS, et de capter les données liées aux applications bancaires installées sur l'appareil de la victime.

 

Parmi les pays visés, on compte l'Espagne, les États-Unis et, depuis décembre 2021, le Royaume-Uni, la Pologne, l'Italie et l'Amérique latine, avec le Brésil en tête.

 

À ce jour et selon les chiffres du CCB, aucune victime n'a été signalée en Belgique. Le CCB n'a reçu aucun signalement à ce sujet et les sources commerciales faisant le suivi des logiciels malveillants ne font pas état de cas en Belgique. Dès 2019, Google a bloqué ce malware, ce qui signifie qu'il ne peut plus être téléchargé sur Google Play Store par les appareils équipés d'un système Android. Toutefois, BRATA continue à se propager via des messages de phishing envoyés par sms.

 

Aujourd'hui, la stratégie de lutte contre ce type de virus repose principalement sur la sensibilisation des utilisateurs. En effet, le champ d'action va de la vulnérabilité humaine aux mesures technologiques de pointe. Plusieurs mesures préventives peuvent être prises pour éviter la propagation de ce virus ou tout autre malware:

- ne pas télécharger d'applications mobiles dont le développeur n'est pas clairement identifié;

- ne jamais télécharger d'application via un hyperlien reçu via un sms suspect;

- s'assurer que les autorisations qu'une application demande sont conformes à l'objectif de l'application;

- ne jamais diminuer la sécurité de son appareil à la demande d'une application;

- s'assurer que toutes les applications et logiciels d'un appareil sont mis à jour avec les dernières pages de sécurité;

- installer un bon anti-malware à jour et activer la protection en temps réel ou encore, si un utilisateur en est infecté, désactiver les applications ayant des privilèges de gestion et désinstaller ces applications en mode sans échec et réinitialiser son appareil.

 

Je me rends compte que ma réponse est très précise quant au vade-mecum du parfait protecteur en sécurité digitale.

 

En outre, le CCB a créé une adresse mail vers laquelle le citoyen peut envoyer des messages suspects, qu'il s'agisse d'emails ou de sms: suspect@safeonweb.be, adresse mail communiquée allègrement par le CCB. Il est possible de faire bloquer, via ses adresses mail, les liens suspects dans ces messages. En 2021, le CCB a reçu 4,5 millions de messages suspects provenant d'alertes de citoyens, soit en moyenne près de 12 000 messages par jour. Il a ainsi été en mesure de notifier plus de 1,4 million de sites internet frauduleux à Google et Microsoft qui les ont bloqués. En 2020, il y avait encore près de 3,2 millions de messages reçus par le CCB et 667 000 sites bloqués.

 

De même, le CCB envoie environ 27 000 redirections par jour vers une page sécurisée, après les clics par les utilisateurs belges sur des liens malicieux. Si une personne vient à cliquer sur un lien malicieux, elle recevra un message d'alerte clair lui signalant de ne pas surfer sur cette page. De cette manière, chacun peut contribuer à un environnement numérique sécurisé.

 

02.03  Patrick Prévot (PS): Monsieur le secrétaire d'État, je vous remercie pour votre réponse complète. Vous avez raison de le signaler, la cybersécurité concerne tout le monde. Dans un monde idéal, il faudrait encore accroître la sensibilisation du grand public. En effet, il ne se passe pas une semaine sans qu'un de nos contacts se laisse prendre au piège, tantôt en cliquant sur un lien qui a pour but de pénétrer dans ses réseaux sociaux, tantôt pour hameçonner ou récolter des données, mêmes bancaires.

 

Pour en revenir au logiciel malveillant BRATA, je suis content d'entendre que notre pays semble pour l'instant épargné. C'est en tout cas ce que vous a confirmé le Centre pour la cybersécurité Belgique (CCB), puisqu'il n'y a eu aucune plainte. Pour le reste, nous devons rester vigilants et continuer à avoir de vraies mesures contraignantes et structurelles pour lutter pour la cybersécurité. Il faut aussi accroître la sensibilisation du grand public afin que nous soyons tous des acteurs de cette cybersécurité, sans nous faire prendre au piège aussi facilement.

 

L'incident est clos.

Het incident is gesloten.

 

De voorzitter: Vraag nr. 55025421C van mevrouw Dierick wordt uitgesteld.

 

La réunion publique de commission est levée à 15 h 49.

De openbare commissievergadering wordt gesloten om 15.49 uur.