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Question et réponse écrite n° : 1163 - Législature : 54


Auteur Nele Lijnen, OPNVLD (01179)
Département Ministre des Classes moyennes, des Indépendants, des PME, de l'Agriculture, et de l'Intégration sociale
Sous-département Classes moyennes, Indépendants, PME, Agriculture et Intégration sociale
Titre Élevage de bovins. - Étude et plan d'action de l'Agrofront (QO 24540).
Date de dépôt17/05/2018
Langue N
Date de délai25/06/2018

 
Question

L'élevage de bovins est en pleine crise. Les récents scandales relatifs à des fraudes dans le secteur de la viande, comme dans les entreprises Veviba et Vanlomme, ont encore aggravé la situation dans le secteur. Toutefois, cette crise a des racines plus profondes et affecte d'ailleurs toute l'Europe. Quoi qu'il en soit, la situation de nombreux éleveurs de bovins reste préoccupante. Il semblerait qu'afin de pouvoir évaluer correctement la situation, le SPF Économie ait réalisé une étude qui, dans l'intervalle, aurait été rapidement finalisée. Cette étude mettrait plus particulièrement en lumière les marges bénéficiaires des éleveurs de bovins. Entre-temps, l'Agrofront a également formulé un certain nombre de propositions afin d'aborder la situation problématique des élevages de bovins. Ces propositions contiennent plusieurs mesures à adopter au niveau régional, ainsi qu'un certain nombre de mesures à envisager au niveau fédéral. Parmi ces propositions figure une demande de dispense de la contribution sanitaire pour 2018, des dispositions simplifiées pour le report du paiement des cotisations sociales des indépendants et des impôts, ainsi que le soutien des crédits flexibles et des crédits de soudure. Qui plus est, il est demandé d'aligner la compétence de contrôle dans les abattoirs et les entreprises de transformation de la viande sur une seule approche de contrôle, intégrée, par les différentes instances de contrôle. L'étalonnage des appareils de pesage doit également être réalisé plus souvent qu'aujourd'hui, où il n'est effectué que tous les quatre ans. L'Agrofront souhaite également que l'Agence fédérale pour la Sécurité de la Chaîne alimentaire (AFSCA) publie des rapports détaillés relatifs aux résultats des contrôles et aux constatations effectuées dans les abattoirs pour bovins. 1. Avez-vous reçu l'étude du SPF Économie relative aux élevages de bovins? 2. Quelles sont les conclusions et recommandations principales qui en ont été retirées? 3. L'étude permet-elle de déterminer si l'élevage de bovins dispose encore d'une marge bénéficiaire suffisante pour rester viable? 4. Vous êtes-vous concerté avec les organisations agricoles dans le cadre du plan de l'Agrofront visant à essayer de maîtriser la crise qui sévit dans l'élevage de bovins? 5. Considérez-vous que cette crise que connaît l'élevage de bovins est avant tout une crise européenne et non une conséquence directe du scandale des fraudes dans le secteur de la viande comme chez Veviba? 6. Parmi les mesures proposées par l'Agrofront dans son plan d'action, lesquelles envisagez-vous d'appliquer? 7. Quelles mesures avez-vous déjà adoptées afin de juguler la crise qui affecte le secteur de la viande de boeuf?


 
Statut 1 réponse normale - normaal antwoord
Publication réponse     B162
Date publication 29/06/2018, 20172018
Réponse

L'étude relative au secteur bovin réalisée par le SPF Économie nous montre que: - il y a renforcement de la divergence du prix de la viande bovine à la consommation et celle du prix à l'éleveur; - la carcasse passe par beaucoup d'étapes avant d'être commercialisée sous forme de viande dans les rayons de la distribution. Il n'y a donc pas de lien direct entre les éleveurs et les vendeurs finaux et la transmission des prix ne peut pas se faire de manière automatique. Force est de, constater une dépréciation du prix des carcasses au cours des quatre dernières années; - les bénéfices nets à tous les maillons ont très peu progressé et demeurent faibles. Les marges bénéficiaires restent sous pression à tous les maillons de la chaîne; - des nouveaux coûts apparaissent et d'autres sont devenus plus importants. La demande s'oriente de plus en plus vers des morceaux moins nobles, tels que les hamburgers ou les autres formes de viande hachée. L'équilibre de la carcasse est plus difficile à réaliser, une proportion des parties arrière, de haute qualité, devant être "déclassée" en morceaux moins nobles. La viande issue des carcasses femelles devient plus recherchée, y compris celle des carcasses maigres (les vaches laitières) qui sont moins rentables. On voit d'ailleurs le prix des carcasses de basse qualité, telles que les vaches maigres, augmenter depuis plusieurs mois, à l'inverse de ceux des carcasses de plus grande qualité. Cette évolution de la demande occasionne naturellement une hausse du prix de revient du kilo de viande. La demande de la distribution évolue vers des morceaux de plus en plus finis, pré-emballés et plus petits. Ce serait lié également à une évolution de la demande finale mais aussi à une pénurie grandissante dans le métier de la boucherie. Les tâches de portionnage, de préparation et d'emballage de la viande deviennent plus importantes et sont de plus en plus assurées par les transformateurs-grossistes eux-mêmes. Elles occasionnent des coûts supplémentaires par kilo produit. Il faut mentionner l'augmentation des coûts liés au contrôle sanitaire et à l'auto-contrôle. La Fédération Belge de la Viande souligne encore l'accroissement des frais de transport, notamment suite à l'instauration de la taxe kilométrique. Sur base des statistiques et des résultats d'enquêtes, le SPF a essayé de reconstituer le prix à la consommation de la viande bovine: - trois-quarts du prix se partage entre la transformation-commerce de gros (40 % du prix) et le producteur agricole (37 %); - le quart restant rétribue la stade de la grande distribution, en incluant la TVA. Ma conclusion est que le paradigme doit changer. Les petits producteurs doivent reprendre la main, être mieux rétribués et mieux protégés face aux abus Concernant la concertation avec l'Agrofront, enfin: J'ai, dès le 8 mars, rencontré l'Agrofront. À la suite de cette réunion, nous avons convenu de nous revoir afin d'évoquer les mesures de soutien au secteur ainsi que des mesures visant à aborder toute une série de problématiques auxquelles est confrontée la filière viande (traçabilité, transparence, petits producteurs, étiquetage, etc.). Une première réunion de concertation a eu lieu le 12 juin dernier au sein de mon cabinet avec le représentant du ministre Peeters. Cette réunion avait notamment pour objectif de présenter l'étude du SPF Économie sur les marges entre les acteurs de la filière "viande bovine". D'après les conclusions de l'étude, il ressort que les marges bénéficiaires restent sous pression à tous les maillons de la chaîne. Des précisions seront par conséquent apportées à cette étude dans les prochaines semaines.

 
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