Question et réponse écrite n° : 1185 - Législature : 54

Il apparaît que les éleveurs commencent à recourir aux huiles essentielles pour le soin de leurs bêtes. En France, cette tendance est déjà bien répandue. Elle reste cependant encore discrète chez nous malgré un intérêt grandissant de la part de nos éleveurs. Il semblerait que le recours aux huiles essentielles présente de nombreux avantages, notamment en termes économiques. Par exemple, lorsqu'une vache est traitée avec un antibiotique, le lait qu'elle produit est impropre à la consommation le temps que les antibiotiques ne soient plus détectables. Avec l'utilisation d'huiles essentielles pour traiter, par exemple, une mammite, le lait peut être vendu directement sans avoir à respecter les mêmes délais que pour les antibiotiques. D'un point de vue sanitaire, la diminution de l'utilisation d'antibiotiques au moyen d'une substitution à base d'huiles essentielles permettrait de réduire le risque d'antibiorésistance qui se fait de plus en plus menaçant. 1. D'autres alternatives existent-elles pour diminuer la consommation d'antibiotique dans le secteur de l'élevage? 2. Combien d'agriculteurs recourent-ils aux huiles essentielles pour soigner leurs bêtes en Belgique? 3. Quels sont les autres avantages et inconvénients liés à l'utilisation d'huiles essentielles? 4. Existe-t-il un encadrement pour cette technique de soin, compte tenu du fait que les huiles essentielles présentent un potentiel de toxicité lorsqu'elles sont mal dosées?

1. Il existe des alternatives possibles pour diminuer l'utilisation des antibiotiques chez les animaux comme par exemple, la vaccination préventive, la biosécurité, l'hygiène ou encore à l'optimalisation de la composition de l'alimentation. 2. à 4. Les huiles essentielles, lorsqu' elles sont utilisées pour le traitement d'une maladie chez les animaux, que ce soit à titre préventif ou curatif, doivent être préalablement homologuées en tant que médicament vétérinaire. Cette homologation relève de la compétence de ma collègue ministre de la Santé publique. Actuellement, aucun médicament vétérinaire à base d'huiles essentielles et destiné à l'élevage bovin, n'est autorisé en Belgique. Il est impossible de commenter les avantages et inconvénients, tant que l'Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (afmps) n'a pas évalué les dossiers de ces produits sur leur qualité, sécurité et efficacité. L'afmps pour les mêmes raisons, ne dispose pas de chiffres relatifs au nombre d'agriculteurs qui utiliseraient de tels produits. L'utilisation de ces huiles essentielles n'est pas anodine. En effet, le risque de ces produits n'est pas seulement lié à un éventuel dosage incorrect par l'éleveur. Il est aussi lié à la sécurité du produit en lui-même, qui ne peut être garantie même si elle est utilisée conformément à son étiquetage. Dans le cadre de la législation européenne concernant l'alimentation animale, certaines huiles essentielles et mélanges sont néanmoins actuellement autorisés à être utilisés comme arôme ou comme additif zootechnique, par exemple pour le bien-être des animaux. Ces produits sont évalués par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) par rapport à leur sécurité et leur efficacité avant d'être autorisés par la Commission européenne. La liste mise à jour des additifs pour l'alimentation animale, incluant les conditions d'utilisation, et qui sont actuellement autorisés dans l'Union européenne en application du règlement (CE) n° 1831/2003, est disponible sur le site web du SPF Santé publique: https://www.health.belgium.be/fr/liste-consolidee-officieuse-des-additifs-pour-lalimentation-animale-autorises-en-application-du Les huiles essentielles autorisées comme arômes dans les aliments pour animaux figurent pour leur part dans le registre des additifs, consultable à cette adresse: https://ec.europa.eu/food/sites/food/files/safety/docs/animal-feed-eu-reg-comm_register_feed_additives_1831-03.pdf Les huiles essentielles autorisées comme arômes ne peuvent cependant revendiquer une fonction zootechnique.