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Question et réponse écrite n° : 0004 - Législature : 55


Auteur Kurt Ravyts, VB (07485)
Département Ministre des Classes moyennes, des Indépendants, des PME, de l'Agriculture, et de l'Intégration sociale, chargé des Grandes villes
Sous-département Classes moyennes, PME, Agriculture, Gr. Villes
Titre La consommation d'antibiotiques chez les animaux d'exploitation.
Date de dépôt11/07/2019
Langue N
Statut questionRéponses reçues
Date de délai19/08/2019

 
Question

Selon les derniers chiffres du Centre de connaissances concernant l'utilisation des antibiotiques et l'antibiorésistance chez les animaux (AMCRA), entre 2017 et 2018, la consommation d'antibiotiques chez les animaux d'exploitation en Belgique a baissé de 12,8 %. Le 30 juin 2016, l'AMCRA a signé une convention avec le gouvernement fédéral et seize organisations sectorielles concernées. L'objectif consistait à réduire la consommation d'antibiotiques chez les animaux et par conséquent aussi l'antibiorésistance chez les animaux mais aussi indirectement chez les humains. Diminuer la présence d'antibiotiques dans la viande est crucial à la fois pour l'homme et pour les animaux. Hormis l'alimentation animale, il existe différents modes d'administration des antibiotiques chez les animaux. L'objectif prioritaire demeure la réduction d'ici 2020 de 50 % de la consommation d'antibiotiques dans la médecine vétérinaire en général par rapport à l'année de référence 2011. Même si l'on observe une baisse notable en 2018, la baisse globale ne dépasse pas 35,4 % par rapport à 2011. Les deux autres objectifs de la convention (élaboration d'un plan 'Vision 2020') ont été atteints dès 2017. Il s'agissait de réduire d'ici 2020 les aliments médicamenteux à base d'antibiotiques de 50 % et les antibiotiques critiques -antibiotiques à large spectre essentiels dans la lutte contre les infections bactériennes chez l'homme- de 75 %. La publication des données relatives à la consommation d'antibiotiques à l'échelon des élevages individuels a été une première en 2018. Cette nouvelle méthode révèle la nécessité de poursuivre les efforts dans les secteurs des poulets de chair et des veaux de boucherie. La baisse de la consommation d'antibiotiques se situe en effet principalement dans le secteur porcin. Dans les secteurs des poulets à rôtir et des veaux de boucherie, la consommation d'antibiotiques augmente. Par le passé, les secteurs concernés craignaient que la réduction de la consommation d'antibiotiques dans les exploitations nuise à la productivité ainsi qu'aux performances économiques. Le 19 juin 2019, à l'occasion de la publication des résultats d'une étude néerlandaise, il est apparu que ni la productivité ni les performances économiques n'avaient souffert d'une réduction de la consommation d'antibiotiques dans les élevages de truies et de poussins de chair aux Pays-Bas. 1. Quels seront les moyens mis en oeuvre pour résoudre les problèmes restants, c'est-à-dire empêcher la poursuite de la hausse de la consommation d'antibiotiques dans les secteurs des poulets de chair et des veaux de boucherie? 2. La Belgique a-t-elle récemment consacré une étude aux effets possibles d'une diminution de la consommation d'antibiotiques chez les animaux sur la productivité, les performances économiques et la compétitivité des exploitations agricoles belges? Dans l'affirmative, quelles en sont les conclusions? 3. Quels sont les objectifs de l'AMCRA après 2020?


 
Statut 1 réponse normale - normaal antwoord - Réponse publiée
Publication réponse     B001
Date publication 09/09/2019, 00002019
Réponse

1. L'arrêté royal du 31 juillet 2017 modifiant l'arrêté royal du 21 juillet 2016 relatif aux conditions d'utilisation des médicaments par les médecins vétérinaires et par les responsables des animaux, impose l'enregistrement de l'utilisation d' antibiotiques dans une base de données électronique, dénommée Sanitel-Med. Sur base des données ainsi enregistrées dans Sanitel-Med, l'AMCRA (Centre de connaissances concernant l'utilisation des antibiotiques et l'antibiorésistance chez les animaux) a établi un benchmarking des exploitations par espèce animale. Les éleveurs de volailles et les éleveurs de veaux à l'engrais ont reçu leurs premiers rapports de benchmarking Sanitel-Med en 2018. Cette démarche fait suite aux résultats encourageants enregistrés au sein du secteur porcin. En effet, des données similaires sont enregistrées dans ce secteur depuis 2014 dans le cadre du cahier des charges Belpork. Ces rapports de benchmarking ont contribué à une plus grande prise de conscience des éleveurs et des vétérinaires du secteur porcin et à une diminution significative de la consommation d'antibiotiques au sein de ce secteur. L'arrêté royal du 31 juillet 2017 a pour objectif d'étendre cette bonne pratique aux secteurs de la volaille et des veaux d'engraissement afin de permettre à ces secteurs de s'appuyer sur ces outils pour diminuer à leur tour leur consommation d'antibiotiques à l'horizon 2020. Rappelons que ces outils s'ajoutent à la législation sur l'utilisation des antibiotiques d'importance critique, le contrôle de leur utilisation ainsi que sur les avis émis par l'AMCRA au cours des années précédentes. L'objectif demeure bien entendu, en combinant les initiatives réglementaires aux efforts continus de la part de tous les secteurs, d'atteindre une diminution de 50 % de l'utilisation globale d'antibiotiques d'ici 2020. Si les objectifs 2020 devaient ne pas être atteints, un cadre législatif plus large serait alors établi. 2. Les résultats d'une étude réalisée par l'ILVO et l'UGent, publiés en 2016, indiquent qu'une réduction de l'utilisation d'antimicrobiens dans une exploitation porcine est tout à fait possible sans compromettre les bénéfices de l'exploitation. Un deuxième article de 2016 conclut dans le même sens que, sur une période de huit mois, une augmentation de la biosécurité interne et externe et une stratégie de vaccination plus intensive associées à une diminution de l'utilisation d'antibiotiques de 52 % chez les porcs d'engraissement et de 32 % chez les truies allaient également de pair avec une amélioration significative des résultats techniques comme le nombre de porcelets sevrés par truie par année (+1,1), le gain de poids quotidien (+5,9 g/jour) et la mortalité durant la période d'engraissement (-0,6 %). Dans le secteur de la volaille, des essais sur l'éclosion à la ferme pour les poussins de souches chair (c'est-à-dire les futurs poulets élevés pour leur viande) aboutissent notamment à l'amélioration de la santé des animaux ainsi qu'à une réduction de l'utilisation d'antibiotiques. D'autres études relatives aux effets du renforcement de la biosécurité dans les élevages de volailles sont également en cours afin d'identifier d'éventuels effets positifs sur l'utilisation des antibiotiques. Afin d'optimiser la lutte contre la résistance aux antimicrobiens, d'autres études de ce type sont bien entendu nécessaires; elles pourront ultérieurement être utilisées lors des campagnes de sensibilisation des éleveurs en cas de résultat économique final positif. 3. Les objectifs stratégiques que l'AMCRA proposera pour la période 2021-2024 sont actuellement encore en cours d'élaboration. Une première concertation à ce sujet a eu lieu début juillet entre les administrations concernées. Parallèlement, la rédaction d'un plan d'action national (PAN) AMR one-health 2020-2024 a été validé par les différentes autorités fédérales compétentes (santé publique, agriculture et environnement). Les aspects humains, vétérinaires, environnementaux et one-health y seront abordés et des objectifs aussi bien stratégiques qu'opérationnels y seront également définis.

 
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